Suite à la lecture d'un texte sur l'apprentissage centré sur l'élève de Carl Rogers (disponible
ci-haut), j'ai eu l'occasion de réfléchir avec des collègues de classe sur les différentes pédagogies qui existent et sur notre position quant à elles. J'expliquerai ici mon avis quant à la
planification, le déroulement, l'évaluation et la gestion de classe nécessaire pour se lancer dans ce genre d'aventure. Je tiens à spécifier que l'enseignante dont Rogers parle dans son
texte était titulaire d'un groupe de 6e année et qu'elle essaya ce type de gestion de classe en dernier recours. Si vous désirez en connaître plus sur les différents avis des étudiants actuels en
éducation, je vous invite à consulter notre travail fait dans le cadre du cours FPE2250 : Épistémologie de l'éducation et développement de l'enfant.
Si on réfléchit à la planification de ce genre d'enseignement tel que pratiqué dans le texte de Rogers, on remarque que l'enseignante avait des élèves qui savaient préalablement comment fonctionne une classe dite régulière et qu'ils avaient les compétences cognitives (littératie, numératie, communication orale...) de base afin d'approfondir leurs connaissances seuls. C'est pourquoi je crois que ce type d'enseignement peut se réaliser optimalement avec des élèves plus vieux (2e et 3e cycle du primaire, de préférence). Bien qu'il est réaliste d'enseigner avec une pédagogie alternative plus libre à des élèves de 1er cycle ou de maternelle, je crois que ces élèves ne pourraient pas fonctionner dans un contexte scolaire sans enseignement magistral des notions de base.
En discutant plus profondément sur la gestion de classe nécessaire pour arriver à ce type d'enseignement, j'ai surtout décrit le genre de personne que j'imagine devant la classe. Étant donné que ce sont les élèves qui choisissent tout ce qu'ils font ou apprennent, il va de soi qu'un enseignant qui désire avoir un contrôle sur l'horaire ne pourrait pas s'épanouir dans une telle classe. Il faudrait aussi que cet enseignant soit bien confiant en ses capacités de suivi des élèves, n'ayant pas toujours des travaux tangibles pour témoigner de l'évolution ceux-ci. Toutefois, je suis d'accord avec l'idée d'un contrat ou d'un horaire décidé par les enfants. Je l'ai moi-même expérimenté à quelques reprises alors que je laissais mes élèves décider des règles et des conséquences de la classe. De cette façon, les élèves s'autogéraient et semblaient plus enclins à respecter les règlements ainsi qu'à faire des compromis.
En ce qui a trait au déroulement, je crois qu'on ne peut pas essayer de le prévoir ou d'anticiper ce qui arrivera. Il faut que l'enseignant soit en mesure de s'adapter, d'écouter ses élèves, qu'il apprenne à les connaître et à comprendre ce qui les passionne. Toutefois, en se faisant, le professeur peut se rendre compte des difficultés d'apprentissages, du manque de motivation et des problèmes personnels qui empêcheraient certains élèves à avancer. Ainsi, l'enseignant se doit de bâtir une relation forte avec ses élèves en leur faisant confiance et en les valorisant, car advenant que l'élève affronte une difficulté, il se sentirait à l'aise de venir en parler avec l'enseignant. Je pense aussi qu'il faut que l'enseignant comprenne que tous les élèves n'avancent pas à la même vitesse et qu'ils n'apprennent pas tous de la même façon. C'est pourquoi une classe adaptée à ce genre d'enseignement offrirait un espace pour les élèves qui répondent aux différents critères de Gardner ou de Kolb.
Finalement, je pense que le professeur peut trouver plus de liberté dans les différentes évaluations qu'il peut faire en enseignant avec une pédagogie ouverte. Il existe plusieurs types d'évaluations qui peuvent bien fonctionner dans ce contexte. L'auto-évaluation permet de développer l'introspection chez les élèves, l'évaluation par les pairs peut être utile à des fins de travail coopératif, les élèves peuvent demander d'être évalué sur seulement certains de leurs travaux (ceux dont ils sont le plus fiers ou qui représentent leurs meilleurs efforts) et l'enseignant peut faire des suivis individuels en circulant entre ses élèves ou en proposant des entrevues individuelles. Toutes ces méthodes peuvent d'ailleurs être appliquées dans des contextes d'enseignement orthodoxe. C'est pourquoi je pense qu'il peut être imaginable d'enseigner alternativement tout en étant dans des milieux scolaires réguliers lorsque l'on a l'appui de la direction et du reste de l'équipe-école.
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