La relation d'enseignement, une histoire de confiance

Pendant mon premier stage à l'UQAM, j'ai vécu une situation propice à réflexion sur la relation d'enseignement (professeur/élève) qui s'est déroulée le lundi de la première semaine de mon stage. Alors que j'entamais une série d'activités sur un roman jeunesse (La plus grosse poutine au monde), j'ai demandé aux élèves de se mettre en équipe de base. La plupart des équipes étaient de quatre, mais l'équipe dont je vais parler ici était constituée de 3 personnes, 2 filles et un garçon. Quinze minutes après le début de mon activité, j'ai remarqué qu'il y avait plusieurs chicanes entre le garçon et une des fille. J'ai voulu intervenir, mais je n'ai pas été très efficace. J'ai donc décidé d'aller parler individuellement avec les élèves concernés en revenant de la récréation. J'ai mentionné au garçon, très brièvement, que je savais qu'il était meilleur que ce qu'il m'avait montré pendant la classe, et à la fille je lui ai dit que je croyais en son potentiel et qu'elle pouvait compter sur moi. On peut lire un bref extrait de mon journal de bord que j'ai tenu lors de mon premier stage à la fin de l'article, qui résume brièvement ce qui s'était passé.


En revenant du dîner, j'avais déjà remarqué un changement dans l'attitude des deux jeunes : ils m'avaient souri ou saluée en changeant leurs souliers. Le jeune garçon était un leader dans la classe, rigolo, sportif et dégourdi. Le reste de la semaine s'est bien mieux déroulée. Toutefois, l'évènement qui m'a fait réaliser qu'il y a eu une modification dans la perspective que ces élèves avaient de notre relation, c'était lors de ma première supervision de stage, le vendredi (vous pouvez lire un extrait à la fin de l'article). Avant de commencer la supervision, j'ai annoncé à mes élèves que mon enseignante viendrait m'évaluer, et immédiatement, le garçon a levé la main et m'a dit : « Madame, vous pouvez compter sur moi si vous avez besoin d'aide.» Comme de fait, pendant ma supervision, il m'a été d'une grande aide quand ses collègues étaient plus gênés en les incitant à répondre et en participant lui-même énormément (alors qu'il était plutôt discret habituellement). Quant à la jeune fille, elle n'a pas hésité à m'applaudir à la fin de mon activité afin de montrer qu'elle trouvait que ça s'était bien déroulé. À partir de ce moment-là, ces deux élèves et moi avons eu une complicité particulière tout le reste de mon stage. Bien que je ne parle que de ces élèves, évidemment, j'ai développé mes relations avec le plus d'élèves possible avant ma prise en charge totale. 

 

Sur le coup, je me suis dit que ce changement est arrivé simplement car ils apprenaient à me connaître. Toutefois, en me basant sur mon cours (PSY2626) de psychologie du développement de l'enfant de 0 à 12 ans, je comprends maintenant que j'ai posé quelques actions qui ont permis de renforcer ma relation avec l'élève. Bee et Boyd (2012) spécifient que : 

1. Pour qu'un enfant de 10 ait, 12 ans comprennent, l'origine d'une punition qui vient avec une action négative, il faut que la conséquence soit logique et non humiliante, ainsi, il pourra faire des liens entre les deux.  En revenant sur les disputes avec les élèves seul à seul, je crois qu'ils ont compris que mon désir n'était pas d'avoir du pouvoir, mais plutôt de voir au bon fonctionnement de la classe. 

2. Pour qu'une punition soit idéale, il faut combiner conséquence et explications sensées (idéalement positive). Je crois avoir fait la bonne chose en renforçant positivement les attitudes que je désirais voir répétées. Ainsi, les élèves savaient explicitement ce que je désirais et ne se sont pas sentis attaqués. 

Finalement, comme Piaget l'a expliqué à quelques reprises dans ses recherches, l'élève de 8 ans et plus reconnaît la différence entre les intentions (vouloir faire quelque chose de mal ou le faire parce qu'on était ignorant, par exemple). Il faut donc prendre ceci en considération lorsqu'on intervient sur une situation. Un élève qui fait une mauvaise action volontairement (par exemple, lancer son efface sur un collègue parce qu'on est fâché) ne devrait pas entraîner les mêmes conséquences que pour un élève qui aurait fait quelque chose de désagréable par erreur (par exemple, effacer si fort sur sa feuille que son efface revole sur son voisin et lui cogne le visage).

 

Lors de mon prochain stage (et de ma future carrière en enseignement), je garderai toujours en tête qu'afin d'avoir des relations harmonieuses avec les élèves de ma classe, il faudra que j'applique des conséquences logiques aux règles que j'instaurerai, mais surtout que je prenne le temps de discuter avec mes élèves de ce qu'ils ont fait de mal et de les aider à trouver des moyens de réparer leurs actions. Je pense qu'il est primordial qu'ils sachent que mes intentions envers eux sont bonnes, que je désire simplement les aider à s'améliorer en tant que personne et a profité du potentiel qui se cache en eux. 

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